Barilla neuf minutes

Jour 7 du confinement, nécessité oblige. Affaires humaines, les données du récit. Précisions nécessaires au diagnostic, les hôtes de l’agent infectieux. Processus biologiques, vont bientôt disparaître. Rapport de l’écriture, et la météo. Anticyclone, pressions élevées. Temps sec et ensoleillé, devenir fiction. L’accueil du ciel et l’habitation. Dernier étage, vivre avec ça. L’eau, l’air, la nourriture, et les parties communes. Je vais sous la douche et dans un même lieu. Polyvalent. Identification télévisuelle de la maladie, je regarde une chaîne d’infos. L’impatience du message et tout ne parle pas. Voix de l’autorité, le dire de masse. Information shock syndrome, dont ces images étaient porteuses. Standardisées. Histoire dans laquelle elles seront enchaînées, essais cliniques du Chloroquine. J’ai ouvert une bouteille de vin, je me suis assis sur le canapé. Nu. Silence d’un corps, verre à la main. J’écoutais Allelujah! Don’t Bend! Ascend! de Godspeed You! Black Emperor. J’entendis le vrombissement des pales du rotor d’un hélicoptère. J’ai laissé faire, et contre toute attente. Distance et neutralisation, la notion de sujet. Forme sensible, que sera Paris-Plage ? J’ai parlé de dédoublement schizoïde (article posté le 13 février dernier), ce sera aussi : un départ et une dette. Régime esthétique du roman, réactive son passé. Point de vue central et privilégié, d’improbables aspirations. Une assiette de Pipe Rigate, l’état présent du monde. Ail, piment vert, vin des Pouilles. Pecorino râpé, assez encore. L’assiette par terre, je suis debout à la fenêtre. Vide, avec la fourchette. Césure poétique, la cité survit aux mortels. Ou à peu près. Un mec sur son scooter, en face de l’immeuble. Un pied sur le trottoir, téléphone sur l’oreille. De rares bagnoles, quelques passants. Le sublime et l’ordinaire, et dans un tel élan. Je me suis habillé. Les Bourses européennes perdaient environ 2 % peu après l’ouverture de Wall Street, quelques instants plus tard. Allongé par terre sur le dos, en ces temps primitifs. L’odeur du plancher, les fissures du plafond. La Maladie d’Athènes, et Thucydide contaminé. C’est l’été 430 avant notre ère. Cîmes de l’Olympe, toute infection épidémique. Des plaques de couleur bleuâtre apparaissent sur la peau, les victimes dévorées par la fièvre. Les cadavres gisent sans sépulture, disparition des oiseaux carnassiers. Ne s’approchent pas des dépouilles. Bûchers funèbres, une vanité. Nature intime du deuil, et je ferme les yeux. Étoiles dansantes, effets déstructurants. « Soleils Noirs », exposition au Louvre-Lens. Mutations plastiques, chaque chose dans le regard. L’ainsi vu, en quoi tout englouti. Ombres projetées sur l’écran, se dérobent à la possession. De continuels remaniements, il y eut aussi. Saint Jérôme en méditation, tableau de Caravage peint vers 1605. Figures et apparitions, la mise en jeu des épaisseurs. Une courte séquence où l’on voit un homme et une femme courir sur une plage. Désordre dans ce qui est permis, Alex m’envoie un SMS. Qu’est-ce que tu fais ? Euh, à peu près rien. Et toi ? Pareil. Manifestations chorégraphiques, dans cet espace. La langue de l’autre, et se mettre à ramper.

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